Résisteras-tu à la peur ?

Etoile du crépuscule marchait doucement vers le sanctuaire de Pandor. Dis comme ça, on pourrait penser qu'il se baladait et qu'il allait voir un quelconque temple d'un dieu paien oublié depuis des siècles. Seul quelqu'un connaissant les us et coutumes des clans savait, que dans la forêt, qu'on allait pas dans un sanctuaire pour le visiter ou pour protifier. On y va pour parler à Pandor. Et dans la vie d'Etoile du crépuscule, c'était une étape très importante. Si Pandor l'accepte alors il sera chef du clan des Tempêtes.

L'esprit bouillnant de questions, il arriva au sanctuaire. C'était une petite prairie où un vieux pin sur une petite colline se penchait doucement pour faire profiter à la terre brûlante de son agréable fraîcheur. Même si la Terre n'en avait guère besoin car le soleil venait juste de se coucher, l'arbre continuait, vaille que vaille, à se baisser inlassablement et à faire de l'ombre. Le chat inspira et expira à fond avant de s'avançer. Là, un rocher dentellé par l'érosion se dressait juste dans le creux que formait la colline en redescendant sur la vallée. Il se donna nerveusement un coup de langue sur sa patte avant. Il n'était plus sûr de rien et une boule d'angoisse lui emprisonnait les entrailles. Il se secoua et s'avança encore un peu plus. Puis, brusquement, Etoile du crépuscule bondit sur le rocher destiné à pouvoir parler avec Pandor. Flamme dans la nuit.

A peine eut-il poser ses pattes sur la pierre froide que les forces de la nature se déchaînèrent autour de lui. Ouvrant des yeux effarés, il suivait des yeux la courbe des éclairs atterissant si près de lui qu'il sentait leur souffle dévastateur entre ses poils. Le Tonnerre grondait, le vent se leva brusquement. Le fracas des éclairs lui vrilla les tympans. Son sang se glaça dans ses veines et une peur effroyable lui broya les entrailles comme si une main avait plongé dans son ventre pour remuer toutes ses tripes. Un jappement de peur s'échappa de sa bouche tandis qu'il restait là, les griffes fermement plantés dans les pierres, les yeux écarquillés et les oreilles bourdonnantes. Son instinct lui hurlait de prendre ses jambes à son cou mais Etoile du crépuscule ne faiblit pas. Le vent se mit à arracher comme de simples brins de paille des arbres entiers et d'énormes mottes de terre qui s'écrasèrent tout autour, si près de son pelage flamme et de ses oreilles qu'il entendait le craquement de l'écorce et les hurlements de milliers d'insectes pris au piège dans le tronc. Son coeur battait à la chamade. Son cerveau envoyait des messages frénétiques vers ses pattes pour que celle-ci bougent et courent loin du chaos mais Etoile du crépuscule avait de la volonté.

A la fin, le souffle court, Etoile du crépuscule décontracta les épaules dont il avait serré les muscles à s'en faire mal, comme pour se protéger des forces de la nature. Progressivement, tout ce calma mais le félin aux yeux émeraude se rendit qu'il n'était plus dans la clairière. Il était maintenant dans le cosmos. Flottant tel une poupée de chiffon, molle et sans défense, le chat se sentit vide et abandonné. Qaund soudainement, Pandor apparut devant lui. Un immense lion à la crinière flamboyante. Tout en lui rayonnait de mille feux et il poussa un rugissement tonitruant vers le ciel piqueté d'étoiles. Puis, il plongea ses yeux flammes dans les iris vertes d'Etoile du crépuscule. Puis d'une voix forte, Pandor dit :

- Tu as su résister à la peur qui s'était emparé de toi. Tu es digne d'être le chef du clan des Tempêtes. Maintenant vas et protège ton clan au péril de ta vie.

Un immense bonheur emplit le nouveau chef. Il sourit, les yeux pétillants. Mais alors qu'il s'attendait à ce que Pandor le renvoie dans la prarie, il se retrouva brusquement sur une immense plaine. Le chef reconnut la fin de l'océan d'émeraude. Etoile du crépuscule était à la tête de ses guerriers et poussait des cris de guerre. Cette vision ne dura que quelques minutes mais il en fut perplexe. Quelque chose de grave allait arriver et une guerre se préparait ? Ah moins que cela voulait dire qu'il aurait prochainement l'occasion de grapiller quelque bout de territoire grâce à la guerre. Etoile du crépuscule sourit mesquinement. Il était maintenant dans la prarie. Mais quelle ne fut pas sa surprise quand il vit le jour se lever. Une chappe de fatigue lui tomba les épaules et c'est d'un pas titubant qu'il rentra au camp.